À Lubumbashi, les réactions fusent de partout depuis le décès de Jean Chrysostom Tshibanba, reconnu dans le monde de la culture à Lubumbashi dans le Haut -Katanga comme talentueux slameur , acteur de théâtre, et bloggeur d’Habari RDC.
Les habaristes retiennent de lui, un homme passionné par l’écriture, habile à manipuler la langue de Molière, malgré son âge avancé. Il savait trouver sa place au sein de toutes les générations.
« _C’est dommage de l’évoquer au passé, notre première belle aventure, c’est quand je le rencontre à Lubumbashi. Je découvre un homme qui avait une habile manipulation de la langue française et qui semblait aimer les beaux-arts_ . » _Tout à coup, je lui ai parlé du blogging, et l’ai attiré vers Habari RDC. Jusqu’à en devenir un membre actif. Il est mort bloggeur et membre d’Habari RDC. Dès là est venue l’appellation qu’il m’avait collée_ : « _parrains_ », _parce qu’il considérait que c’est moi qui avais parrainé sa vie de bloggeur et ça me faisait plaisir_ .
_Il était ouvert d’esprit malgré son âge, si on parle d’années vécues. Mais jeune, si on parle de sa façon de s’intégrer, il savait trouver sa place partout, même si nous étions plus jeunes que lui. Nous pouvions, et savions comment collaborer avec lui facilement. Il était attentif à chaque fois que vous deviez faire un travail ensemble, il suivait facilement les orientations_ . » Témoigne Fidèle Bwirondé, bloggeur d’Habari RDC.
Un avis partagé par Fils Ngeleka vidéaste, cinématographe. Réalisateur et blogueur d’Habari RDC.
« _C’est quelqu’un que j’ai connu à travers les bloggeurs de Lubumbashi. Nous avions l’habitude de nous rencontrer pour créer cette dynamique. Certains étaient passionnés d’écriture, c’est le cas de papa Chriso, c’est ainsi qu’on a commencé à rédiger d’abord les articles pour Rwaza Afrique. Ensuite, Habari RDC est devenu un site de la communauté. On a commencé à écrire aussi pour Habari RDC. Il était la seule personne de son âge dans cet environnement-là. Et c’est quelqu’un, malgré son âge, ses nombreuses connaissances. Il savait rester modeste_ . » Fils Ngeleka
A en croire Fils Ngeleka , Jean Chrysostom Tshibanba avait une humilité authentique, quelqu’un qui savait promouvoir ses proches, il suscitait de la bienveillance.
« _Moi, par exemple, il m’appelait toujours mon fils quand il m’a rencontré_ . » _C’est grâce à cette synergie que j’ai découvert les autres casquettes qu’il avait, de comédien, d’écrivain, ses performances à nos conférences pour Habari RDC. C’est comme ça que je le connais_ . »Témoignage t-il
Et d’ajouter
« _Mais à un moment, je vais l’inviter dans un film que j’ai tourné. Il avait accepté volontiers d’y participer. Nous avons tourné avec lui, dans le film Nous sommes le changement, que j’ai réalisé en 2016. Et ce film a gagné de nombreux prix. Je pense que le succès qu’on lui a reconnu est en partie dû à son apport, c’était quelqu’un de méticuleux_ . » Souligne-t-il .
La rigueur était l’une de ses qualités
Il était quelqu’un de rigoureux, d’accès exigeant :
« _Je me souviens que, sur ce tournage, j’avais déjà écrit mon scénario et qu’on tournait à 45 km de Lubumbashi, il souhaitait connaitre, orienter et ajuster chaque mot qu’il disait_ . » _Ce n’était pas quelqu’un qui venait comme ça à qui je répétais un texte. Il voulait comprendre et quand ça ne lui plaisait pas, on ‘a dû changer, je me souviens que nous avons ajouté le texte à ses préférences. Il m’avait permis de voir le texte autrement. C’est malheureux qu’il parte maintenant, ce film s’est clôturé par sa mort, c’était en 2016. Il mourait en prêchant un message de changement, et donc, quand je pense à cette scène-là, je dis bain ! Ça aurait pu être comme dans le film. Sur cette scène-là_ . » Regrette Fils Ngeleka
L’artiste continue de vivre à travers ses œuvres
« _Quand je parle de lui, je vois aussi un ami puisqu’il m’appelait Fidèle, mon ami, une façon de me taquiner aussi par rapport à mon prénom_ . » _Mais cela nous a rapprochés. Il savait briser le tabou lié à la frontière entre papa, fils, ainé et moins âgé et cela faisait qu’on se sentait proche. On pouvait moins se voir, mais à chaque fois qu’on se retrouvait, on oubliait qu’on s’était retrouvé depuis un bon nombre de jours, et on pouvait se fondre dans l’ambiance du temps présent. Mais, tout ça, c’est terminé_ . » Déplore-t-il
Et de renchérir
« _Que puis-je dire de lui finalement parce qu’aucun mot ne peut le faire revivre_ . » _Tous les mots déjà partagés avec lui. On apprendra à prendre soin des souvenirs. En réalité, il vivra à travers chacun de ses souvenirs. Sa mission est terminée, c’est vrai ; mais sa vie continue. Non seulement à travers ses œuvres, et avec nous qui avons vécu ou avec lui. Nous qui avons partagé des moments, parfois des scènes. Il vivra à travers l’histoire qu’il reste derrière lui. A chacun son temps_ » A conclu Fidèle BWIRONDE.
Décédé le dimanche 03 octobre de suite d’une longue maladie, c’est ce samedi 09 octobre que Jean Chrysostom Tshibanba sera mis en terre à Lubumbashi au cimetière rivières des anges de Kasangiri.
Il fut directeur de la rédaction du bulletin littéraire du collectif LIBR’ÉCRIRE. Écrivain, slameur, il a marqué ses emprunts dans le monde de la culture. Plusieurs déplorent la disparition d’un Baobab.
Ruth KUTEMBA