Tina Salama est porte-parole du chef de l’Etat en RDC, experte en communication institutionnelle, journaliste-productrice, auteure et native de Bukavu dans la province du Sud-Kivu.
Par ailleurs, diplômée au Collège des Hautes Etudes de Stratégie et de Défense (CHESD), elle a obtenu son diplôme de licence en journalisme à l’Institut facultaire des sciences de l’information et de communication (IFASIC) à Kinshasa et possède un diplôme de master International en Management des médias à l’Université de Lille en France.
Cette semaine, le Desk Femme de Topnews.cd est allé à la rencontre de cette femme qui est convaincue que le succès ne peut être atteint qu’à travers un travail acharné, une détermination sans faille et un professionnalisme exemplaire.
Sa réussite se résume au travail, à la détermination, à la volonté (confiance en soi), au professionnalisme.
Quid de votre parcours professionnel ?
Elle nous parle des étapes clés de son parcours professionnel, une passionnée de la communication, l’auto-formation est le fruit de son bagage.
(rire) Mme Ruth KUTEMBA, lorsque j’étais journaliste à la Radio Okapi, je faisais toujours plus que ce qui m’était demandé. C’était une obligation pour moi. J’étais constamment à la quête du meilleur.
Étant venue à Kinshasa avec une formation universitaire inachevée, j’ai décidé de dégager du temps pour reprendre mes études universitaires à IFASIC. Et après ma licence, je me suis inscrite pour un master en journalisme et management de la presse dans une université française. Au fil du temps, j’ai appris à investir en moi-même.
« Cet investissement finira toujours par attirer l’attention de décideurs au moment le plus inattendu. C’est ce qui s’est passé pour moi. De la Radio okapi où j’ai commencé comme stagiaire à ma nomination comme Porte-parole », raconte-t-elle.
Ma réussite se résume donc au travail, à la détermination, à la volonté (confiance en soi), au professionnalisme.
Partagez-nous votre expérience en journalisme
Native de Bukavu, dans la province du Sud-Kivu et consciente de vivre dans une zone de conflit, Tina Salama était engagée dans beaucoup de mouvements associatifs notamment « le Groupe Jérémie » pour la résolution des conflits dans la Région des Grands Lacs. Un groupe qui militait aussi contre les violences à l’égard de la femme.
« Pendant la période post-AFDL, j’étais étudiante en communication au Centre universitaire de la paix ; et j’animais une émission culturelle dans une radio locale, Maria. A cette époque, la Radio okapi ouvrait aussi ses portes à Bukavu. J’avais estimé important d’intégrer ce média qui avait pour mission de contribuer à la construction de la paix dans la région du Kivu. J’ai été retenue comme stagiaire pour son projet de « décrochages ». J’étais en deuxième année graduat »,a-t-elle expliqué.
En tant que stagiaire, Madame Tina Salama a travaillé six mois avant de se rendre à Kinshasa. Le voyage qui devait être un aller-retour se révèlera finalement un aller simple car, elle avait reçu la proposition d’y travailler comme agent.
A la radio Okapi, Tina Salama a bravé presque tous les échelons
Son premier poste d’affectation était le desk Swahili au sein duquel, elle présentait les journaux parlés. Ensuite, présentatrice du magazine culturel Métissage et animait plusieurs émissions, créant un magazine pour les femmes et un espace pour les congolais vivant à l’étranger, etc.
« En 2015, j’ai été promue Directrice adjointe des programmes. » C’était le couronnement d’abnégation et de travail acharné. J’ai commencé à acquérir de la notoriété grâce aux différentes productions à la radio onusienne, notamment le magazine « ONU Mag » de la Monusco, qui était relayé par plusieurs radios et chaînes TV locales.
Le dialogue de la Cité de l’OUA a été l’une des vitrines qui a contribué à asseoir sa notoriété sur le plan national. Les responsables de la Radio okapi m’avaient confié le travail de coordonner la relation presse de cet événement national qui rassemble plus de 100 médias locaux et internationaux accrédités. » Souligne-t-elle.
C’était une grande fierté pour elle d’avoir non seulement participé au dialogue, mais surtout de coordonner les activités de presse de cet événement historique de la RDC.
J’ai effectué de nombreux voyages à l’étranger en rapport avec mes fonctions à Radio Okapi, ce qui m’a permis de découvrir le fonctionnement d’autres médias dans le monde, tels que la TSR (Suisse), RFI (France), Radio Vatican (Italie), ONUCI FM (Côte d’Ivoire), SABC (Afrique du Sud). J’ai également participé à plusieurs forums sur les médias et pour la promotion de la paix.
Toujours en 2015, le Représentant Spécial du Secrétaire Général de l’ONU en RD Congo, Martin Kobler, m’a nommé Ambassadrice de l’ONU auprès de la jeunesse congolaise.
En 2019, j’ai franchi un autre palier dans ma carrière. Ma nomination comme Porte-parole adjointe du Président de la République. Une toute première dans l’histoire de notre pays !
Le journalisme vous passionne toujours ?
J’apprécie énormément le journalisme. Cependant, aujourd’hui, je me trouve à travailler pour mon pays en relayant certains messages du Chef de l’État qui œuvre pour établir les fondations d’une nation solide. Ce travail est tout aussi captivant que celui d’un journaliste.
Quels sont les défis que vous avez relevés à la présidence en tant que porte-parole du chef de l’Etat ?
Premièrement, c’est de s’efforcer constamment de ne jamais confondre les rôles de journaliste et de porte-parole du Chef de l’Etat.
En tant que journaliste, mon rôle était de rapporter les faits de manière impartiale, en les vérifiant et en fournissant des analyses objectives. Cependant, en tant que porte-parole du chef de l’État, je suis devenue le visage d’une personnalité publique, chargée de communiquer efficacement les positions, les politiques et les messages du Chef de l’Etat.
Aujourd’hui, mon environnement de travail est composé de services de sécurité, du protocole d’État et de nombreux autres métiers qui entourent l’institution « Président de la République ».
Nous sommes extrêmement chanceux de collaborer avec le Chef de l’État, un champion de la masculinité positive. Cela a grandement contribué à instaurer un climat de confiance et à faciliter notre travail au quotidien.
Les difficultés rencontrées
Tina Salama dit avoir été confrontée aux stéréotypes de genre. Ces préjugés influencent la perception des femmes, considérées parfois comme des personnes « légères », et pour certaines personnes, elles ne peuvent pas occuper des postes de direction.
« De mon côté, j’ai dû travailler dur pour briser ces stéréotypes et accéder à la direction des programmes de la Radio okapi. Seul le travail acharné permet de s’affirmer et de se faire une place dans cet environnement dominé par les hommes. »
Un message à toutes les femmes
Le succès vient toujours de très loin. Il résulte des choix que nous faisons, des rencontres, des échecs. La détermination, la volonté, le professionnalisme, le travail sont des qualités qu’il faut cultiver, travailler au fur et à mesure à l’école primaire, secondaire, à l’université ainsi que dans le milieu professionnel.
Il faut constamment chercher l’excellence ou acquérir des compétences professionnelles. Ça peut prendre plusieurs années, mais c’est faisable. J’en suis le résultat !
Être nommée porte-parole du Chef de l’État, Tina Salama avoue ne s’être pas attendue à une telle reconnaissance, même si elle s’y est préparée tout au long de son parcours, question de mettre son expérience au service de son pays.
Ce travail a davantage renforcé son attachement envers sa patrie et elle appréhende de mieux en mieux la complexité de la crise que traverse la RDC depuis plus de 30 ans.
Elle voudrait un jour diriger ce pays si cela est la volonté de Dieu, d’autant plus que le chef de l’État exprime régulièrement son souhait de voir une femme prendre les rênes du pays.
Ruth Kutemba