« Si tout était à refaire, je resterai journaliste parce que le journalisme est ma seconde nature. J’aime bien ce métier, je l’exerce avec passion. Certes, je sais faire autre chose. « Mais, ce que je sais faire le mieux, c’est être journaliste et être devant la caméra. » Les mots de Tytyne Kakese, invitée de Topnews.cd , cette semaine le Desk Femme est parti à sa rencontre.
De son vrai nom, Kakesse Lamangol Tytyne et « Air Force One », pour les amis, journaliste avec plus de 25 ans de carrière, première femme à être engagée au sein de la Télévision Mwangaza à Lubumbashi, dans le Haut-Katanga. En outre , productrice et présentatrice des émissions de radio et de télévision. Wedding planner, influenceuse.
Par ailleurs, présidente du comité du groupe des scouts SIFA Luwawa. Tytyne évolue au sein de ce mouvement et a comme Toten « Aigrette qualificatif appliqué »
Elle est chargée de communication du district Lubumbashi Est. Mère de famille et détentrice d’un diplôme de licence en communication.
Née à Lubumbashi, deuxième ville de la République Démocratique du Congo. Kakesse Tytyne a commencé sa carrière professionnelle en tant que journaliste vers la fin des années 1990 à Lubumbashi. A ce jour, elle a plus de 25 ans de carrière, et n’a exercé que dans deux chaînes : à la radio Zénith où elle a marqué ses débuts et à la télé Mwangaza où elle évolue jusqu’à ce jour. Dans cette découverte, elle revient sur son parcours professionnel, ses perspectives et le partage d’expérience notamment entre un journaliste et un influenceur, exerçant les deux à la fois, elle estime que la différence réside dans l’approche, la mission et les outils.
Parcours professionnel
C’est en 1998 que je me suis exprimée au micro pour la première fois comme journaliste professionnelle, à la radio Zénith, une chaîne privée appartenant à un prêtre salésien, et c’était l’une des grandes radios de la ville de Lubumbashi. J’ai travaillé à la radio Zénith jusqu’en 2005, soit huit ans.
À un moment, j’avais marqué une pause pour travailler comme assistante d’un économiste dans un cabinet. En 2005, je passe mon test d’embauche pour la RT Mwangaza et je dirais même que je suis la première femme à être engagée là comme journaliste. J’étais affectée au Desk Sport, où j’ai passé les trois premiers mois.
» Mais j’ai compris que je n’avais pas beaucoup de talent pour faire des émissions sportives (rire) ».
C’est comme ça que j’ai été orientée vers le service commercial où je m’occupais des communiqués et de tout ce qui a trait à la publicité avec une voix off qui était mienne. À un moment, je recevais même les clients, je faisais aussi la réception, et c’est en 2006 que j’ai eu le privilège d’être devant les caméras comme présentatrice. Par la suite, une émission m’a été confiée à la radio Dédie cœur que j’ai présentée presque pendant 9 ans. Après avoir acquis cette expérience, je suis actuellement cheffe de programme adjointe , section radio et télévision.
Journaliste depuis 25 ans, votre métier est-il rentable ?
Nous ne sommes pas sans ignorer que c’est un métier qui ne paie pas trop en termes d’argent, pour dire vrai. Il est vrai que plusieurs abandonnent, mais avec le journalisme, il est important d’avoir des activités connexes afin de vivre aisément. Et, lorsqu’on s’engage dans ce métier pour avoir de l’argent, c’est déjà une bataille perdue. Il faut que ce soit une passion, quelque chose que l’on fait avec son cœur, mais dire qu’on doit vivre uniquement de ce métier dans notre pays, la RDC, c’est impossible.
Ce métier nous est plus bénéfique en matière de contacts. Il nous ouvre des horizons. A nous maintenant, de saisir ses opportunités, parce que ces ouvertures ‘’horizons’’ peuvent être des tremplins qui nous apportent un plus pour survivre.
Je voudrais également revenir sur l’une des grandes difficultés rencontrées dans mon métier. Le problème d’accès à l’information. On ne nous permet pas d’accéder à l’information. Et nous sommes limités par les moyens de nos employeurs. Et tout cela fait en sorte que le journaliste ne puisse produire un travail de qualité. (Regret)
Vous êtes toujours standard, partagez-nous le secret
(rire), je suis standard. Je rajeunis tous les jours. Ouah, mon plus grand secret est que je ris à fond. Je pratique le sport, je suis très disciplinée, sans alcool, je ne consomme pas trop de viande. Et j’ai une alimentation équilibrée. Je mange équilibré et voilà, c’est ma cure de jouvence. (rire)
Mon plus grand secret a toujours été la spontanéité. Sur les réseaux sociaux, je suis proche de mes téléspectateurs, auditeurs, followers. Et c’est ce qui fait que je puisse réussir. Je sais faire la différence entre ma vie privée et ma carrière. Je suis caractérisée par la bonne humeur. Voilà un peu mon secret.
Avec votre métier, avez-vous déjà été victime de préjugés?
Les préjugés, il y en a toujours, surtout pour les journalistes femmes et célibataires qui, par moments, sont considérées comme des personnes sans morale. De la marchandise dans une vitrine que tout le monde voudrait y toucher (regret). Et pourtant, nous sommes des personnes, nous avons nos vies privées. Ce n’est pas parce qu’on est femme journaliste que l’on doit finir avec tous les hommes. « Ce n’est pas parce que l’on passe à la télé que tous les hommes nous appartiennent. Vraiment, ce n’est pas ça. » S’exclame-t-elle
Personnellement, j’ai mes principes de vie. Je dois servir sans rien attendre en retour. Je sers sans regarder la couleur de quelqu’un, son appartenance religieuse, politique, tribale, pays. Pour moi, l’être humain est sacré.
Que changeriez-vous dans ce métier si jamais vous aviez la chance de diriger ?
Si jamais j’ai la possibilité de diriger la corporation des journalistes, je ferais tout pour garantir l’indépendance éditoriale du journaliste, sa sécurité, la réduction de sa charge, parce que le journaliste travaille beaucoup et gagne moins (Regret). Je ferai tout pour que le journaliste soit rémunéré dans le secteur privé comme public. Je me battrai pour mettre sur pied, une corporation de journalistes afin d’éviter ce qui nous arrive actuellement quelqu’un avec un téléphone, tout le monde est devenu journaliste. Il peut filmer, publier, informer sans avoir la notion de communiquer. C’est quelqu’un qui ramasse les images trafiquées. Il n’a pas le temps de faire la contre-vérification de l’information ( regret) . Ce sont des choses pour lesquelles je pourrais me battre si jamais j’ai cette chance-là.
Journaliste et influenceuse, comment conciliez vous les deux ?
Étant journaliste, je collecte, je vérifie et j’informe de manière impartiale. Je respecte l’éthique professionnelle.Je mets aussi un accident particulier sur l’objectivité en utilisant les médias classiques, traditionnels ( la radio et la télé)
Et, en tant qu’influenceuse, je partage les informations dans le cadre purement personnel et j’évolue sur les réseaux sociaux, notamment sur TikTok, Facebook, et j’interagis directement avec mes abonnés à travers mes publications.
Elle se résume en avouant qu’étant journaliste, elle s’engage dans la vérité et, étant influenceuse, elle tire la popularité dans la connexion directe avec ses abonnés: « J’y parviens parce que les deux me permettent toujours de communiquer, et la communication pour moi, c’est une passion, je dirais c’est le graal » (rire)
Un message particulier à toutes les femmes
Femmes, nous avons du potentiel. Le travail, ce n’est pas seulement venir au bureau. Nous pouvons travailler, même étant à la maison. Ne laissons pas cette lourde tâche aux hommes, avec la conjoncture, nous sommes tous obligés d’accompagner nos époux.
Pour les femmes journalistes, notre métier est une porte d’ouverture, mais il peut nous enfoncer si nous manquons de discipline, et il nous en faut pour réussir dans ce métier, surtout pour nous, les femmes. Plus de 25 ans de carrière, c’est quand même beaucoup. Je voudrais encourager la prochaine génération à emboiter les pas de nos aînés. J’ai eu aussi des modèles, j’ai imité leurs modes de vie. Aujourd’hui, je me sens quand même aussi fière, mais pas tout à fait fière. Ça va l’être lorsque je verrai les autres dire : « Nous, on a emboîté les pas de Tytyne Kakesse, on est devenu ce qu’on est devenu aujourd’hui.
Ruth Kutemba