La République démocratique du Congo se trouve au cœur d’un débat crucial concernant son cobalt. Cette discussion fait suite à l’ajout de ce minerai, essentiel pour la transition énergétique, à la liste américaine des biens produits par le travail forcé, une décision contestée qui repose sur une étude révélant les conditions de travail déplorables dans les mines du pays.
À ce sujet, Maître Alice Mirimo Kabetsi, Administratrice Directrice Générale de l’établissement public Fonds national de promotion et de service social (FNPSS) et Coordinatrice du projet d’Appui au Bien-être Alternatif des enfants et des jeunes impliqués dans la chaîne d’approvisionnement du cobalt (PABEA-COBALT), a brisé le silence dans une intervention sur MINES.CD.
« Vous avez appris qu’un département américain a classé le cobalt congolais parmi les biens produits par le travail forcé. Pour nous, cela représente un défi qui nous pousse à sortir de notre silence. Nous devons parler au monde pour dire que ce qui est raconté n’est pas vrai », a-t-elle affirmé.
Appel à la Préservation du Patrimoine Minier Congolais
En plus de défendre l’importance du cobalt dans la transition énergétique, Me Alice Mirimo a lancé un appel vibrant pour protéger les ressources minières du pays.
« Le cobalt congolais reste le produit le plus précieux pour nous. Nous travaillons à stopper la diffusion d’histoires de misère ou de désinformation. La presse, les journalistes et les communicateurs peuvent nous aider à donner un autre narratif autour du cobalt congolais », a-t-elle indiqué.
Pour l’ADG du FNPSS, il est clair que, « même si on veut amener un produit de substitution, en tout cas, ce n’est pas aujourd’hui. Jusqu’à preuve du contraire, c’est le cobalt qui donne les bonnes batteries, et surtout le cobalt congolais. Il est encore très compétitif sur le marché.»
« Tout comme nous protégeons nos biens privés, notre pays mérite également cette protection. Ne laissons pas les gens de l’extérieur continuer à ternir notre image, celle de notre pays et de nos minerais. Prenons nos responsabilités pour que notre discours contribue au développement », a-t-elle ajouté.
Objectif : zéro enfant dans les mines
Dans le cadre de cette initiative, la RDC vise à étendre le modèle du PABEA-COBALT à d’autres minéraux stratégiques tels que l’or, le coltan, le diamant et le lithium, avec pour ambition d’éliminer toute présence d’enfants dans la chaîne d’approvisionnement.
« Le mot-clé chez nous est le bien-être alternatif. L’expérience du PABEA-COBALT, axée sur la promotion de l’agrobusiness, vise à assurer la réinsertion sociale des enfants. Ce modèle nous rappelle que la première richesse de notre pays, ce sont d’abord nous, Congolais. C’est à nous de valoriser notre sol et notre sous-sol. Nous sommes engagés dans le développement du capital humain et nous devons être les premiers à transformer notre environnement pour en tirer un bien-être alternatif », a déclaré Me Alice Mirimo.
« Notre objectif est d’atteindre zéro enfant dans toutes les chaînes d’approvisionnement en minerais. Nous avons commencé avec le cobalt et bientôt, nous nous attaquerons à l’or, la cassitérite, le coltan, le diamant, le lithium, etc. Nous sommes déterminés à changer la donne et à transformer ce narratif », a annoncé la Coordinatrice de l’UPC/PABEA-COBALT.
Pour rappel, le projet d’Appui au Bien-être Alternatif des enfants et des jeunes impliqués dans la chaîne d’approvisionnement du cobalt (PABEA-COBALT) a déjà permis la réintégration de plus de 91 % d’enfants dans des établissements scolaires dans les provinces du Lualaba et du Haut-Katanga.
L’originalité du projet Pabea-cobalt réside en ce qu’il combine la reinsertion sociale des enfants à la reconversion socio-économique de leurs parents dans l’agrobusness, afin qu’ils soient autonomes et a même de continuer à prendre en charge leurs enfants. Cette initiative présidentielle va s’étendre à d’autres minerais dans le but d’atteindre zéro mineur dans les mines.